Les Richesses historiques de notre territoire au Pays Charnegou
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L'implantation de la Maison Gramont dès le XIVème siècle a marqué l’histoire de Bidache, une souveraineté y fut créée en 1570. Elle perdura jusqu’en 1790, date à laquelle Bidache fut rattaché au département des Basses Pyrénées.
Sous la protection des Gramont, au XVIIème siècle, une communauté juive s’installa à Bidache. L’exploitation de la pierre, principalement au XVIIIème siècle eut un impact économique fort pour la ville et ses environs.
Bidache devint chef-lieu de canton en 1802. Son influence sur le territoire se développa ainsi que son infrastructure : poste, gendarmerie, écoles… Un collège fut inauguré en 1963 (remplacé en 2012 par un bâtiment ultra-moderne s’inscrivant dans le paysage bâti et naturel de la ville).
En territoire rural, Bidache bénéficie de ressources naturelles à forte valeur ajoutée : forêt de Mixe (chênes sessiles et pédonculés), Barthes humides avec marnage situées dans l’estuaire de l’Adour. Au carrefour des cultures gasconnes, béarnaises et basques, Bidache est marqué par une forte identité interculturelle, son maillage associatif dynamique a fait grandir cette spécificité identitaire.
Au centre de ce patrimoine culturel se trouve le Château de Bidache, classé Monument Historique en 1942, intégré dans la première génération des « Sites Majeurs d’Aquitaine », programme régional de valorisation patrimoniale et touristique. Après la signature d’un bail emphytéotique avec le Duc de Gramont en 2003, la Communauté de Communes du Pays de Bidache a saisi l’opportunité d’entreprendre de vastes travaux de consolidation et de mise en sécurité du Château. Celui-ci ouvre ses portes au public le 30 juin 2012, consolidé, embelli et offre depuis aux visiteurs un voyage de six siècles d’histoire et d’architecture en plus d’un panorama unique du haut du donjon du XVème siècle sur la vallée de la Bidouze et la chaîne des Pyrénées.
La commune, consciente de cet atout patrimonial historique que représente la présence du Château a conduit plusieurs chantiers dans la ville : réhabilitation du chemin de Talé (ancien chemin de ronde) et sa fontaine, restauration du pont de Gramont, de la digue et passe à poissons.
C’est ainsi que la commune, dans un objectif clair d’aménagement concerté a pour dessein de redynamiser son espace urbain :
Les commerces du foirail aménagés dans l’ancien bâtiment du collège ou encore le jardin médiéval en sont les exemples les plus récents.
Politique patrimoniale, labels, procédures et outils
Outils de protection ou de gestion du patrimoine
La ville de Bidache possède :
Une carte communale créée le 10 mars 2005 ;
Une Z.A.D, Zone d’activité différée créée le 29 décembre 2016 ;
Une AVAP créée en 2014, ayant pour objet la mise en valeur du patrimoine bâti et des espaces dans le respect du développement durable. Pour cela, il est prescrit, notamment, de sauvegarder l’architecture ainsi que l’historique des maisons et de privilégier l’utilisation de bois ou de fer pour clôturer les propriétés privées.
Ces différents documents sont consultables sur le site internet de la commune : www.bidache.fr , Rubrique Informations Municipales.
Projets urbains : Les projets d’aménagements d’espaces publics concernent une voie semi-piétonne autour de l’église et la réhabilitation de la deuxième partie de l’ancien collège à destination de l’école publique.
La voie semi-piétonne autour de l’église permettra de mettre en valeur la richesse du bâti ancien et historique de la ville. Elle s’inscrit en droite ligne dans la continuité du Château de Bidache (Monument Historique), reliant ainsi au Château : l’Église Saint-Jacques et son chemin de croix (peint par René Marie Castaing, premier grand prix de Rome en 1924) ainsi que la rue Saint-Jacques, artère principale de la vieille ville possédant de nombreuses maisons anciennes et ses jardins remarquables.
La deuxième tranche de réhabilitation de l’ancien collège permettra à l’école publique de s’agrandir et à la Mairie de disposer d’espaces supplémentaires pour elle-même et les associations de la ville.
Programmes d’actions liés au cadre de vie et au développement durable : Classement du bois de Mixe en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, abrégée par le sigle ZNIEFF. Le bois de Mixe est un espace naturel inventorié en raison de son caractère remarquable. C’est une des bases de hiérarchisation des enjeux du patrimoine naturel, de la stratégie nationale pour la biodiversité, des Stratégies régionales pour la biodiversité, des SCAP (Stratégie nationale de création d’aires protégées), etc. Il est notamment utilisé pour les études d’impact et l’évaluation environnementale.
Programmes d’actions spécifiques pour le bâti ancien et le développement durable
Réfection du clocher de l’église Saint-Jacques et de l’emmarchement de l’église.
Projet de voie semi-piétonne autour de l’église.
Outils opérationnels :
La Commune a participé à une OPAH pour l’amélioration de l’habitat en 2010.
L’éclairage public a été adapté par un système d’économie d’énergie.
Différentes publications ont été réalisées :
12 octobre 2017 : certificat de publication portant sur la création de la ZAD de Bidache.
Autres publications : bulletins municipaux, comptes rendus des conseils municipaux, carte communale…
L’association Bidache Culture a publié plusieurs ouvrages et DVD sur l’histoire et le patrimoine Bidachot :
Quand les Bidachots racontent Bidache
La coutume de Bidache
Le rattachement de Bidache à la France
Des Maisons et Des Hommes de Bidache
Ordonnances des Gramont – Souverains de Bidache (1570–1780)
Les DVD, collection « Témoignages de Bidachots »
La pierre de Bidache
La pêche sur la Bidouze
ô Bidouze
Les canards au fil du temps – Les canards criards
Le syndicat des berges a publié un livre sur le patrimoine maritime du Pays du Bas Adour où Bidache est inclus, ainsi qu’un DVD :
Le val d’Adour Maritime rive gauche
DVD Adour Maritime
L’auteur Guy Laporte a publié :
Le Pays Charnegou, d’hier et aujourd’hui, centre de gravitation de ce pays : Bidache
Formations : M. le Maire souhaite inviter les entrepreneurs et les habitants à une réunion d’information sur les règles de l’AVAP.
Chartes :
- Architecturale et paysagère : Charte de protection des paysages — Aspect extérieur des constructions
- Pour la publicité : Projet en cours de campagnes d’affichages municipales et associatives.
Autres labels :
- Classé Monument Historique : les ruines du Château de Bidache (6 mai 1942)
Sont inscrits à la liste des Monuments Historiques :
Les écuries voûtées, les façades et toitures des deux pavillons terminaux : le 19 novembre 1942
En totalité, l’ensemble des éléments constitutifs des ouvrages défensifs du château de Bidache, de ses dépendances, et des aménagements de parc et jardins (murs de clôture, rampe, terrasses, allées, pont, bosquet, parcelles diverses) : le 3 septembre 2012.
- Cimetière israélite, mur de clôture, porte d’entrée, sol et sous-sol du cimetière : le 26 septembre 1995
- Pont ancien dit pont de Gramont enjambant le Lihoury : le 21 août 2003 et Moulin de Heugas, à savoir le moulin et son lavoir, son bief avec le mur de séparation et son barrage ou « seuil » : le 18 janvier 2011.
L’histoire du château de Gramont à Bidache
La première mention du château ducal de Bidache, appartenant à la famille des seigneurs de Gramont, remonte à 1329. Il a connu depuis de nombreux évènements avant de brûler en 1796.
Seules trois grosses tours rondes, au nord-ouest et au sud, témoignent du château médiéval détruit en 1523 par les troupes de Charles Quint, en représailles à l’échec rencontré à Bayonne, dont le maire était alors Jean II, seigneur de Gramont, lieutenant de la compagnie du maréchal de Lautrec. Le château sera alors rapidement remis en état par des ajouts Renaissance, tout en conservant le principe des éléments défensifs médiévaux3.
Au XVIIe siècle, d’importants travaux, influencés par l’architecture Louis XIII, alors en vogue dans la région parisienne, sont confiés à l’architecte Louis de Mihet, également responsable des travaux des fortifications de Bayonne. La construction de jardins et de terrasses date de cette époque.
Les derniers travaux seront réalisés au début du XVIIIe siècle avec la mise en place de la monumentale porte d’entrée au fronton triangulaire.
En 1793, le château et ses dépendances furent confisqués au profit de la Nation et un hôpital militaire y fut installé pendant quelques mois. L’édifice était vide quand, dans la nuit du 22 au 23 février 1796, un incendie le ravagea.
Issue des vicomtes de Dax, elle fusionne ultérieurement avec celle des Guiche. Vers 1190, Brun de Gramont paraît avoir accepté en partage la terre de Bidache où, sans doute, il construisit le premier château. Jouant comme leurs voisins, des hommages contradictoires et des fidélités successives aux rois de Navarre et aux rois d’Angleterre, ducs d’Aquitaine, s’alliant bien, guerroyant hardiment, les seigneurs de Gramont seront déjà une grande famille quand ils entreront plus tard dans la mouvance des rois de France.
En attendant, en 1329, le seigneur de Gramont prête encore, après s’être fait prier, « Foi et hommage lige » aux rois de Navarre pour ses deux châteaux de Gramont et de Bidache.
Incendie de 1523
En septembre 1523, Jean II, baron de Gramont, est au service de François Ier. Il combat Philibert de Châlon, le redoutable prince d’Orange, à Sauveterre-de-Béarn, à Navarrenx, à Pampelune, à Bayonne. Au cours de ces opérations, les Impériaux ont assiégé son château de Bidache.
« Trois cents soldats, écrit le père José Moret, offrirent une forte résistance aux Espagnols. Ils se défendirent avec tant de valeur qu’ils arrêtèrent l’ennemi pendant trois jours jusqu’à ce que celui-ci put y mettre le feu ». L’incendie fut tel que « la plupart des défenseurs périrent dans les flammes exceptées quelques-uns qui, se précipitant du haut des murailles, aimèrent mieux mourir percés par les piques au bout desquelles l’ennemi les recevait ».
Remise en état
Claire de Gramont, sœur de Jean de Gramont et veuve de Menaud d’Aure, seule héritière de la Maison, aidée par l’archevêque de Bordeaux Charles de Gramont, va diriger la reconstruction du château. À la mort de Claire, les biens de son mari, d’Aure et d’Aster, passèrent par contrat de substitution à la famille de Gramont. On peut dater du XVIe siècle le corps du bâtiment en équerre se trouvant entre les deux cours et se déployant entre le pavillon du grand escalier et la grosse tour, une tourelle d’escalier, les fortifications extérieures qui s’étendent au sud-ouest, et les remaniements à hauteur du front sud.
L’émerveillement des bidachots sera tel qu’un quatrain d’un Noël Gascon conserve la trace de telles reconstructions. Le berger s’y étonne que Jésus n’ait pas plutôt choisi pour naître le château de Bidache :
« Qui hat haüré jamey dit
Puch que bous debet nache
Que n’haurets pas chaousit
Lou Castet de Bidache »
Premier souverain de Bidache
Le 12 juillet 1565, Antoine Ier (1526-1576) offre à Bidache une réception somptueuse à Catherine de Médicis et son fils Charles IX, qui venaient de Bayonne et se dirigeaient vers Mont-de-Marsan lors de son Grand tour de France3.
En 1568 est célébré le mariage de Philibert, son fils aîné, avec Diane d'Andoins, qui prendra le pseudonyme romanesque de Corisande, comtesse de Guiche3.
Antoine Ier se retira prudemment dans ses terres lors du siège de Navarrenx. Il se déclara neutre, se contentant de transmettre à Jeanne d'Albret, réfugiée à La Rochelle, quelques messages3.
Le 13 novembre 1570, Antoine signe une ordonnance portant le règlement de justice pour sa souveraineté. C’est un point de plus marqué à son actif.
La grande Corisande
Diane d'Andoins, veuve de Philibert de Gramont, blessé mortellement au siège de la Fère, entre dans l’Histoire sous le nom de Corisande : « Cette grande Corisande », a écrit son ami Montaigne (qui lui dédiera quelques sonnets) à Étienne de la Boétie, « va devenir l’égérie d’Henri III de Navarre » (le futur Henri IV de France).
Antoine Antonin II
Antoine Antonin II, seigneur de Bidache, premier duc de Gramont, était le fils de Corisande et de Philibert. Il épouse en 1601 Louise de Roquelaure, fille du gouverneur de Guyenne.
Celle-ci, satisfaite d’avoir assuré sa descendance, succomba au charme de son écuyer, Marsilien. Antoine Antonin, rentrant à l’improviste, surprit les deux amants dans une posture ne laissant pas de place à l’équivoque. Il estoqua sur le champ son rival, « l’envoyant jouir dans un autre monde ». La comtesse de Gramont fut condamnée à mort par un tribunal à sa dévotion. On ignore les circonstances de sa mort.
Le seigneur de Bidache, qui s’était remarié avec Claude de Montmorency Bouteville (fille du décapité célèbre), fut élevé en 1643 à la dignité de duc et pair de France par le petit Louis XIV. On doit à Antoine Antonin la construction en 1639, par l’ingénieur Louis de Milhet, du pavillon sud-est « du côté de la main droite en entrant ».
Le maréchal Antoine III
Antoine III, duc de Gramont (1604 – 1678), est assurément le plus célèbre de la famille de Gramont. Il épouse la nièce du cardinal de Richelieu. Ami de Mazarin, ce dernier lui confia en 1649, lors des troubles de la Fronde, la garde du jeune Louis XIV au château de Saint-Germain-en-Laye.
Ambassadeur du roi à la diète de Francfort en 1657 et à Madrid en 1659 pour demander la main de l’infante Marie-Thérèse, le duc Antoine III accueille à Bidache le 23 juillet 1659 le cardinal Mazarin venu négocier à Saint-Jean-de-Luz avec don Louis de Haro les conditions du traité des Pyrénées. La réception fut fastueuse dans la demeure bidachote, transformée depuis peu en un véritable palais qui ne conservait de la forteresse féodale que l’ancien donjon aménagé en chapelle et en librairie.
Ce fut à cette époque que se déclara la passion du fils aîné du maréchal, le comte de Guiche (1637 – 1673), « héros de roman et du passage du Rhin » (comme l’a écrit madame de Sévigné) pour madame Henriette d'Angleterre, belle-sœur de Louis XIV. Celui-ci l’envoya en exil à Bidache. Pour se distraire, le comte de Guiche fit édifier la terrasse reliant le château à la ville.
Deuxième incendie
Le château avait encore fière allure le 22 octobre 1793 lorsque le greffier du district en fit l’inventaire avant la confiscation par la Nation. Le château reste alors à l'abandon. Le feu s'y déclare le 23 février 1796, an IV de la République, vers sept heures du matin. Les flammes ne laissent debout que les murs du château. La cour d'honneur était fermée sur son côté gauche par une aile, dont les murs ont été abattus au début du XIXe siècle.
Bien des hôtes illustres d’un soir vinrent méditer devant ces ruines : Napoléon III et Eugénie de Montijo, alors que le dixième duc de Gramont était retenu à Turin à son poste d’ambassadeur. Plus tard, vint le prince de Galles, futur Édouard VII. La famille de Gramont demeure toujours fidèle à ce haut lieu.
Aux XXe et XXIe siècles
Un de ses descendants, Antoine XIV Armand-Odélric-Marie-Henri de Gramont, s'est donné la mort, la 3e semaine de février 2014, aux États-Unis, à l'âge de 62 ans, laissant un fils encore en bas âge. La lignée royale dont il provient a enfanté les princes de Bidache en Pays basque où se trouve la crypte familiale et un imposant château du XIIe siècle. Avec celui de Guiche (XIe siècle), voisin, ce sont deux édifices ducaux appartenant toujours à cette famille.
Les ruines sont classées monument historique le 6 mai 1942. Les écuries voûtées, les façades et les toitures des deux pavillons terminaux sont quant à eux inscrits depuis le 19 novembre 1942 ; les éléments défensifs, les dépendances, et les parcs et jardins sont inscrits le depuis le 3 septembre 2012.
Consolidé, le château de Bidache n'a pas été reconstruit. Toujours propriété de la Maison de Gramont, ses ruines imposantes sont louées depuis 2003, par bail emphytéotique de 36 ans, à la communauté de communes du Pays de Bidache. Cette dernière y a mené d'importants travaux de consolidation, ainsi qu'aux ruines du château voisin de Guiche. Elle les ouvre au public et en assure l'animation.